Je me souviens

Projet "Traces" - 2011 et 2012
Ce projet a été mené en partenariat avec l'hôpital gériatrique de Pélussin et St Pierre de Boeuf (42), avec le soutien de l'association "Les Bravos de la nuit", de l'ARS Rhône-Alpes, du Ministère de la Culture et de la Communication, de la D.R.A.C. Rhône-Alpes et du Parc Naturel Régional du Pilat.

J'ai participé aux entretiens avec Grégoire Blanchon et Benjamin Gibert de la compagnie de théâtre "Le songe d'une planche à vif" à l'hôpital de Pélussin et Saint Pierre de Boeuf. Ces entretiens étaient menés avec les résidents, les soignants et les autres corps de métier attenant à l'hôpital. La compagnie de théâtre, à l'issu de ces échanges, a réalisé une pièce de théâtre nommée "Traces". Me concernant, à partir de prises de notes lors de ces entretiens, de ces échanges, j'ai sélectionné des paroles (citations) ayant une résonance à la fois universelle et plastique. C'est le résultat de cette recherche qui a donné lieu à la réalisation d'un premier projet, une exposition nommée "Histoires de vie" composée d'une série de peintures sur toile fin 2011 (voir photos de l'exposition plus bas).
La réalisation du court métrage "Je me souviens..." est une création que j'ai mené sur l'année 2012 qui s'inscrit dans la continuité du premier projet. A travers ce court métrage d'animation, j'ai cherché à matérialiser la notion de mémoire. A savoir, comment les souvenirs s'inscrivent dans la mémoire? Il s'agit ici de s'interroger sur ses mécanismes. Certains souvenirs restent intacts, gravés de la même façon au fil du temps, d'autres sont remplacés, se transforment, ressurgissent tout à coup, ou bien s'effacent pour tomber dans l'oubli...
Pour exprimer ces questionnements, j'ai réalisé une peinture sur toile de 2mx3m composée de 6 toiles et un court métrage d'animation.
La vidéo retrace l'histoire, la vie de l'oeuvre, elle est la mémoire de l'objet toile finalisé.
A la manière des différentes strates que compose la mémoire, les différentes couches de peintures se superposent.
des photos ont été prisent régulièrement au fur et à mesure de l'avancement de la toile pour être ensuite montées les unes à la suite des autres afin de créer le film.
La toile finale correspond à la dernière image couleur du court métrage.



Toile finale 2mx3m (dernière image du court métrage).



Making-of

Image du film



 

Série de toiles donnant lieu à l'exposition "Histoires de vie".
Exposition itinérante, dans différents lieux, théâtre, hôpitaux,etc...

J’ai souhaité participer à ce projet car le thème de la mémoire, des traces de vie m’interrogeaient. Je trouvais également riche de travailler avec une équipe pluridisciplinaire (La compagnie de théâtre " le songe d'une planche à vif": Grégoire Blanchon metteur en scène, Benjamin Gibert compositeur et Annick Brochard psychologue) car d’une façon générale le métier de peintre reste assez solitaire. Il y avait l’envie de sortir de l’atelier et d’explorer, de m’imprégner d’un monde que je ne connais pas, le milieu hospitalier. A travers ce projet, j’avais quelques réticences par rapport à l’image que l’on se fait de la maison de retraite : triste et pesante. L’envie d’aller voir derrière cette façade, ces idées reçus m’intéressaient. C’est à travers les rencontres  avec les soignants, les résidents et les différents corps de métiers intervenant à l’hôpital que j’allais entrevoir, durant 15 jours,  la « réalité ». Cette expérience visait également à enrichir ma pratique de peintre en me mettant dans une situation de travail différente de mes habitudes. D’une manière plus général, il me semble nécessaire d’apporter la culture, la création dans ce milieu car c’est une façon de s’évader de la « prison douce » (par l’évocation de souvenirs, l’imaginaire).


Toiles réalisées:

« Ça s’atténuera, mais ça ne passera pas, ma plaie est aussi vive qu’au premier jour. »






« La plupart ont la mémoire de la petite enfance, mais pas immédiate. »






« J’ai des malheurs qui font des bonheurs. »






« On est habité par les histoires de vie des gens. »





« J’ai gardé un sucre du Mont Saint-Michel … C’était joli au milieu de la mer. »






« Elle arrive à se créer des situations idylliques. »





« On a tendance à les croire car eux-mêmes y croient tellement. »





« Ici, c’est une prison douce. »





« Mon tracé, je le sais pas mon tracé, je verrai jusqu’où. »


© 2020 Pierre Mathevon